Pour une approche généraliste de l'enseignement de la technologie

 

 

Pourquoi cette approche ?

 

 1.       il s'agit de faire le constat de la fin de l'enseignement humaniste centré prioritairement sur le littéraire, en particulier sur les langues anciennes (latin et grec)

2.       de proposer un enracinement préalable de l'enseignement dans des rapports aux  réalités matérielles. En effet, aujourd'hui, dès le berceau,  beaucoup d'enfants sont dans un univers virtuel (multiplicité d'objets qui sont d'abord des signes, multiplicité des images télévisuelles, internet), un univers d'images en deçà des mots.

 

Par conséquent, pour permettre à l'enfant de quitter graduellement mais effectivement la bulle virtuelle dans laquelle l'ambiance contemporaine l'enferme et finalement le rend inapte à une vraie communication avec l'altérité et l'étrangeté du monde, il s'agit de le confronter de façon presque simultanément d'abord à la réalité matérielle, pour ensuite, l'engager à se l'approprier par le langage.

 

L'enjeu proposé n'est pas des moindres , il s'agit d'introduire à une nouvelle culture générale, par un recentrage de la formation de base (entre 6 et 14 ans) autour de la technologie. Cette nouvelle culture générale nous apparaît comme une condition préalable au maintien de la possibilité d'enseigner dans nos sociétés déréalisantes par l'infini des possibilités qu'elles offrent.

 

Cette approche a une dimension politique et économique

 

Qu'est-ce qu'une culture générale  aujourd'hui ? Est-elle encore concevable, comme dans le temps, alors que nous sommes dans une société techno-scientifique où l'inflation des objets et des connaissance met en question la transmission même des savoirs ? Nous sommes convaincus qu'il existe une situation intermédiaire entre la position du pur consommateur et celle de l'expert dans un domaine précis . Les différents articles de cette rubrique concourent à la mise au point d'une méthodologie et d'une série de situations-problèmes  technologiques, bornes d'une nouvelle culture générale. En effet, le principe d'une culture générale est en soi d'introduire à une participation active, critique et inventive des individus au devenir de la société qu'ils habitent. Bref, il est clair pour nous que "l'enseignement de la technologie devrait jouer un rôle comparable à celui d'une langue: mettre les élèves à distance d'une réalité qui les environne..." (1). Notre a priori méthodologique est de considérer que cette mise à distance de la réalité technologique n'est possible que dans un lien étroit entre manipulation et expression langagière, ce qui heurte souvent le pur technicien centré sur le cadre disciplinaire ou professionnel .

 

(1)        J.M. Domenach, Ce qu'il faut enseigner, p.138, Editions du Seuil, 1989

 

Cette approche avance une méthodologie qui tente d'intégrer les multiples contraintes contextuelles que nous allons préciser .

 

Pourquoi une autre méthodologie par rapport à l'enseignement traditionnel de la technologie ?

Puisque notre contexte culturel est :

un environnement technico-scientifique qui cache sa complexité pour être plus facilement commercialisable ...

Puisque notre contexte éducatif est :

celui d'une majorité d'enseignants et d'élèves qui dans l'espoir d'accélérer les apprentissages, acceptent de s'enfermer trop vite dans des logiques disciplinaires, soit littéraires, soit mathématiques et qui, par là, se privent de construire un vrai dialogue entre connaissance et réalité.

Et quand l'élève est conduit à se frotter à des réalités matérielles, c'est souvent en devant suivre des protocoles d'expériences stricts, des séances de démontage-remontage ou une liste de consignes, ce qui réduit beaucoup les possibilités de tâtonnements et d'invention.

Puique le contexte institutionnel ne favorise pas :

le développement de ce cours ( trop grand nombre d'élèves, durée du cours réduite à une heure/semaine et budget financié strictement limité ). Il y a trop peu ou pas du tout de place pour des manipulations alors que le facteur temps est un élément essentiel pour explorer le réel.

 

La méthodologie proposée pour face partiellement à toutes ses difficultés :

Cette méthodologie est centrée sur les modèles réduits.

Il s'agit d'une méthodologie active, interdisciplinaire et souple :

-     où tout peut se passer en classe sans matériel scientifique ou industriel coûteux et sans acquis techniques préalables.

-     où l'élève part d'un ensemble concret, un modèle réduit simple modifiable qui peut être un système à plusieurs variables , aussi complexe qu'une phrase latine.

-     où l'élève et son groupe sont acteurs, et, dans le but d'augmenter un effet, ils transforment selon leurs idées en un temps assez court un matériel facilement réversible, sans risque et très répandu (qui est  souvent du lego technique mais pas uniquement).

-     où les modèles proposés figurent des grandes étapes du progrès technique (époques grecque, romaine, médiévale et industrielle) ce qui replace l'activité d'apprentissage dans l'ordre historique d'une complexité croissante au fil du temps.

-    où différents domaines, de la mécanique à l'électronique en passant par l'aèronautique, sont abordés par le biais d'expériences fondatrices des disciplines ultérieures.

-          qui se présente sous la forme de brèves séquences (durée: 1 à 2 heures) qui peuvent être approfondies en fonction des possibilités horaires ou prolongées exploitées avec d'autres cours (Etude du milieu, sciences, math, français, etc.)

-          où les transformations peuvent être l'objet d'une extension informatique (Logo ou autre) par le biais d'un matériel robotique.

 

© Spee 2002

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